Page:Béranger - Ma biographie.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ce sont les miennes et celles des meilleurs citoyens. — Comment avez-vous pu, religieuse comme vous l’êtes, vous hâter de lui faire faire sa première communion par un prêtre assermenté ? — Valait-il mieux attendre qu’il n’y eût plus ni prêtres ni églises, ce qui est arrivé bientôt après ? — Sans doute, dans l’intérêt de la religion qui doit renaître avec la royauté. — J’aime bien, mon frère, à vous entendre parler de religion, vous qui n’avez pas l’ombre de foi ! — Ma sœur, nous autres aristocrates, nous devons défendre le trône et l’autel. C’est pour avoir servi leur cause que j’ai été traîné de prison en prison pendant plus d’un an, et que, sans une grâce du ciel, j’allais monter sur l’échafaud. — Dites plutôt que c’est votre vanité qui vous a fait vous associer à des gens qui ne faisaient pas plus de cas de vous pour cela. Mais laissons les opinions, que je voudrais voir libres, et revenons à votre fils. — Eh bien, que voulez-vous que j’en fasse maintenant ? — Ce que vous en avez fait jusqu’ici. Hier, en le voyant présider son club avec aplomb, en l’entendant parler de la patrie en termes chaleureux et touchants, lorsque les applaudissements accueillaient ses paroles, les larmes vous venaient aux yeux. — Je ne nie pas son intelligence, ma sœur ; mais, royaliste dévoué, ne dois-je pas m’effrayer de l’usage qu’il en pourra faire ? — Il l’em-