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donner la valeur d’une durée de plusieurs siècles aux institutions sorties plus ou moins nouvellement des principes qui ont exigé ces formes ; c’est faire naître une précoce expérience chez les enfants qu’un nouveau régime politique a vus naître, et les habituer non-seulement à la pratique, mais encore à l’étude curieuse des lois qui restent à perfectionner. Nos grands établissements d’instruction font-ils autre chose que quelques savants et beaucoup d’écoliers ? des hommes, en sort-il grand nombre ? des citoyens, il n’en est pas question.

La fondation de M. de Bellenglise n’eut qu’une courte durée : on clabauda, et elle fut bien vite abandonnée. Malheur à l’homme supérieur condamné à vivre dans une petite ville, surtout s’il y est né ! Le moindre inconvénient pour lui est de n’y trouver personne qui le comprenne ; la sottise et la jalousie s’acharnent à lui susciter des ennemis. M. de Bellenglise en eut d’assez nombreux, mais il semblait ne pas s’en apercevoir.

Cet homme, c’était Fénelon républicain. Jamais je n’ai pu me représenter l’auteur du Télémaque avec une autre figure, avec un autre son de voix que la figure et que le son de voix de ce vénérable ami de mon enfance. Sa mine simple et grave ne ressemblait à celle d’aucun autre. Je me rappelle ses beaux yeux, son teint blanc, sa bouche souriante ;