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une correction étudiée et à une grande richesse de rimes. Il a commencé à rendre ce genre difficile pour les simples amateurs : C’est cependant plutôt un coupletteur habile qu’un vrai poëte. Panard se meut dans un cercle d’idées très-étroit et il ne fit jamais de la chanson ni un petit drame ni un tableau. Gallet, moins connu, moins cité, lui est peut-être supérieur sous ce rapport.

Les Mémoires de Marmontel contiennent différents passages sur Panard qui le font aimer, et donnent lieu de croire que, grâce à une douce indifférence, ce chansonnier dut vivre heureux. (Note de Béranger.)

Voici un extrait curieux du livre IV des Mémoires de Marmontel que cite Béranger.

« Ce vaurien (Gallet) était un original assez curieux à connaître.

« C’était un marchand épicier de la rue des Lombards, qui, plus assidu au théâtre de la foire qu’à sa boutique, s’était déjà ruiné lorsque je le connus. Il était hydropique, et n’en buvait pas moins et n’en était pas moins joyeux : aussi peu soucieux de la mort que soigneux de la vie, et tel qu’enfin dans la misère, dans la captivité, sur un lit de la douleur, et presque à l’agonie, il ne cessa de faire un jeu de tout cela.

« Après sa banqueroute, réfugié au Temple, lieu de franchise alors pour les débiteurs insolvables, comme il y recevait tous les jours des mémoires de créanciers : « Me voilà, disait-il, logé au Temple des mémoires. » Quand son hydropisie fut sur le point de l’étouffer, le vicaire du Temple étant venu lui administrer l’extrême-onction : « Ah ! monsieur l’abbé, lui dit-il, vous venez me graisser les bottes ; cela est inutile, car je m’en vais par eau. » Le même jour il écrivit à son ami Collé, et, en lui souhaitant la bonne année par des couplets sur