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à la fin de sa mission, il y fonda des écoles primaires gratuites sur un plan digne peut-être d’un examen sérieux.

Plus désireux de former des hommes que des savants, M. de Bellenglise avait voulu que les élèves se disciplinassent eux-mêmes. Ils élisaient entre eux des juges, des membres de district, un maire, des officiers municipaux, un juge de paix, qui devaient tous fonctionner dans un cercle de pouvoirs conformes aux besoins d’une association de marmots dont le plus âgé avait peut-être quinze ans. Il y avait une force armée qui se composait de tous les élèves, divisés en chasseurs, grenadiers et artilleurs, faisant aussi l’élection de leurs chefs. Nous portions en promenade nos piques et nos sabres, et traînions un caisson avec une petite pièce de canon, que nous apprenions à manœuvrer. Si les fusils nous manquaient, c’est qu’alors on n’en fabriquait pas assez pour les douze armées qui défendaient la République.

Nous avions aussi un club, dont les séances attiraient la foule des Péronnais de tout âge. Quant aux études, le latin en était banni par le fondateur, docte latiniste pourtant et, malgré ses représentations, nous donnions peu d’attention à la grammaire que nous enseignait un vieux prêtre, pour qui cet établissement était, pendant ce temps de crise, un refuge bien utile. Les chants républicains