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nant place à côté de nos codes, dont, selon moi, il égalerait alors l’utilité[1].

    l’Institut tout entier que je demanderais ce grand travail national. Pour ne citer qu’un nom, voyez tout ce qu’un homme comme Arago apporterait de lumière à ce phare de notre civilisation, qui pourrait, tous les dix ans, recevoir une annexe, exécutée sur les mêmes bases. Je ne me dissimule pas que vos beaux esprits, qui approfondissent fort peu les choses, traiteront encore ce projet d’utopie inexécutable. Si vous partagez, monsieur, mes convictions en tout ou en partie, et si vous êtes jamais en position de les faire partager, soyez sûr qu’après la victoire vos collègues de l’Institut vous remercieront d’avoir donné à ce grand corps une existence nouvelle, une glorieuse magistrature bien au-dessus du rôle égoïste et mesquin dont il jouit aujourd’hui, à demi paralysé qu’il est. Vous êtes jeune, monsieur, vous avez de l’avenir ; c’est pourquoi je me suis plu à vous répéter ce que je vous avais dit à ce sujet, qui me préoccupe depuis si longtemps. La science vous donne une autorité qui me manque, usez-en pour le progrès universel d’une langue que vous écrivez déjà si bien et qui est celle que toutes les pensées, quel que soit leur berceau, sont obligées de traverser pour se répandre sur le globe. »

    * On peut néanmoins reprocher à celui-ci son obstination à repousser l’orthographe dite de Voltaire. En fait de langue, la mienne n’a pas le droit de lutter contre celle de tout le monde.

  1. Bien entendu que je ne parle pas ici d’un dictionnaire comme celui que ces messieurs ne finiront jamais, et qui, dit-on, doit contenir l’histoire des mots. J’entends un dictionnaire à l’usage de toute la nation et des étrangers qui parlent ou étudient notre langue.

    Il est bien entendu aussi que ce grand travail s’exécuterait aux frais du gouvernement, et que, sous la commission, composée de membres choisis dans les différentes classes de l’Institut, il y aurait un grand nombre de jeunes gens employés aux travaux préparatoires.

    L’Académie française tiendrait la plume dans le travail général. Des épreuves de chaque feuille seraient affichées, avant le tirage, dans les lieux d’instruction publique, comme facultés, colléges, etc., et la commission devrait examiner toutes les observations qui lui seraient adressées sur le contenu des épreuves.

    Comme on ne fait plus rien chez nous par pur dévouement, il faudrait que le gouvernement ne ménageât pas l’argent pour cette