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de l’Académie française, personne ne rend plus justice que moi désormais à cette fondation de Richelieu. La preuve en est dans le reproche que je n’ai cessé d’adresser à ses membres, au nombre desquels j’ai compté et compte encore tant d’amis, de ne pas utiliser la puissance qu’elle peut leur donner à une époque d’anarchie littéraire, où la langue a besoin d’une tutelle large et intelligente, pour résister aux barbarismes du barreau, du journalisme et de la tribune. N’a-t-on pas été jusqu’à vouloir remettre le patois en honneur ! les académiciens ne devraient pas l’oublier. Ainsi que le royaume, la langue avait besoin d’unité, et c’est pourquoi ce grand ministre, éminemment national, fonda l’Académie française.

Quant à moi, que la langue a toujours vivement préoccupé, en dépit ou plutôt par suite de mon ignorance, je l’avoue, je préférerais à l’annexion de la Belgique et des provinces rhénanes à la France de voir l’Académie, aidée de toutes les classes de l’Institut, produire enfin un grand et beau dictionnaire[1],

  1. Lettre à M. Paul Ackermann (non insérée dans la Correspondance).
    « Tours, le 7 septembre 1859.

    « Je regrette, monsieur, que votre court séjour ici ne m’ait donné le temps de vous dire tout le bien que je pense de votre opuscule. Il m’a fallu le relire pour l’apprécier complétement. On vous saura gré d’avoir remis sous nos yeux l’éloge que J. du Bellay a fait de notre