Page:Béranger - Ma biographie.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un pays où les mœurs, sous quelque régime que ce soit, assurent toujours une certaine somme de liberté, on n’a besoin ni de sociétés secrètes ni de conspirations pour qu’à son jour le peuple montre sa volonté. La Société Aide-toi, le ciel t’aidera, qui agissait ostensiblement, a seule[1] rendu de véritables services à notre cause ; car, en dépit de tout ce qui a été dit et écrit par les légitimistes, aucun complot, aucune affiliation secrète n’a présidé à la généreuse insurrection qui renversa la branche aînée des Bourbons : j’ai vu même des gens bien surpris que la victoire eût été obtenue sans eux. On peut m’en croire, moi qui étais si bien placé alors pour en être instruit, et qui suis si bien placé aujourd’hui encore pour dire toute la vérité. Le gouvernement de Charles X a seul conspiré contre lui-même à ce moment-là, ce qui ne veut pas dire pourtant que depuis longues années certaines ambitions n’eussent formé des projets et préparé un plan de conduite. En 1824 ou 1825, le duc d’Orléans disait à un de mes amis : « Arrive ce qu’il voudra ! je ne quitterai plus la France, à moins qu’on ne m’en chasse. » Peu de temps après ce mot, qui laisse entrevoir tant de choses, M. de Talleyrand assurait à ce même ami que par les relations qu’il avait conservées avec les

  1. M. Guizot a cité ce passage dans ses Mémoires.