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moi. Ce qu’il laissera ignorer, c’est qu’ayant su, il y a deux ans[1], que j’éprouvais quelque embarras d’argent, qui me forçait à des réformes sur le nécessaire, il s’empressa de m’ouvrir sa bourse, à l’instant où lui-même était contraint de vendre la retraite qu’il s’était créée, rue d’Enfer. Je fus tenté d’accepter ses offres, non pour en faire usage, mais pour que nous nous eussions une mutuelle obligation. Je n’en fis rien, parce que j’habite à soixante lieues de Paris, que l’argent coûte cher à envoyer et à renvoyer, et que, sans doute, aujourd’hui les plaisirs coûteux lui sont défendus, comme à moi, à qui ils n’ont guère été permis jamais.

En tête d’un exemplaire de ses Études historiques, dont il me fit présent, l’auteur de René a écrit à l’auteur de la Bonne Vieille un couplet que je veux copier ici :

Ainsi que vous j’ai pleuré sur la France ;
Dites un jour aux fils des nouveaux preux
Que je parlai de gloire et d’espérance
À mon pays quand il fut malheureux.
Rappelez-leur que l’aquilon terrible
A ravagé mes dernières moissons
Faites revivre, au coin d’un feu paisible,
Mon souvenir dans vos nobles chansons.

À ce titre de gloire, que je tiens à conserver, que

  1. En 1838, quand Béranger quitta la Grenadière.