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voir lui éviter, car c’est un des hommes les meilleurs que j’aie connus et aimés. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, m’est-il permis même d’être sévère, moi, qui suis de ceux qui les ont poussés vers les emplois supérieurs, route périlleuse où devaient s’égarer les caractères faibles et mobiles ? Eh ! qui de nous n’a failli ? S’il en est qui passent pour n’avoir pas fait de chute, c’est qu’ils sont tombés quand personne ne les regardait.

M. Laffitte, en ami dévoué, craignant que ma santé n’eût à souffrir d’une longue détention, s’était interposé auprès des ministres pour amener un arrangement favorable ; je le suppliai de cesser de semblables démarches ; je devais tenir au procès. « Prenez-y garde, me dit-il ; si vous mourez en prison, vous n’aurez point le tombeau de Foy ; vous n’aurez que celui de Manuel. — Un plus modeste encore me conviendrait mieux, lui répliquai-je : je n’ai jamais tenu à être bien logé. »

Je n’ai pu qu’imparfaitement comprendre l’arrangement qu’on proposait, bien en l’air sans doute[1].

    sements au public. Je dois l’empêcher de tomber dans une erreur dont le résultat m’affligerait bien plus que ne l’ont fait et que ne peuvent le faire les deux procès que j’ai déjà essuyés, celui qu’on me suscite encore et toutes les injures auxquelles je suis chaque jour en butte. »

  1. Béranger aurait pu insister davantage sur ce moment de son histoire. À peine averti de la démarche que M. Laffitte avait faite auprès de M. Portalis, le garde des sceaux du ministère Martignac, il prit la