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Arrivé à la vieillesse, j’ai recouru aussi aux conseils d’un homme que j’ai vu enfant, de Mérimée[1], qui joint à un des esprits les plus distingués de notre temps une instruction solide, étendue, et un amour sévère de la langue. Il m’a fait passer quelques mauvaises nuits à corriger de malheureux petits vers. Ce sont là des preuves d’amitié qu’il ne faut pas attendre de tous ses amis. Il est des gens portés à trouver bon tout ce que font ceux qu’ils aiment : Lebrun[2], dont la bienveillance est si grande, est un peu comme cela. Aussi me suis-je toujours un peu défié de son approbation, dont je n’étais pourtant ni moins touché, ni moins reconnaissant.

Il me reste à parler de mes publications.

On m’avait prévenu, à l’Instruction publique, que, si je faisais imprimer de nouveaux volumes, on me regarderait comme démissionnaire de mon emploi. C’était une forme obligeante qu’employait M. Petitot pour me prévenir qu’un second volume me ferait renvoyer, et, en même temps, une espèce de prime offerte à ma docilité.

    l’intimité, disait fort bien qu’il avait mis dans le recueil de Chénier beaucoup de vers de sa façon. On peut s’en assurer en consultant les Mémoires d’Alexandre Dumas. Peut-être Béranger l’a-t-il de trop près pris au mot. Il n’était pas, quand parurent ces poésies, de l’école qui les admira le plus, et qui, comme elles méritaient d’être louées, fit leur fortune.

  1. M. Prosper Mérimée, né à Paris, le 28 septembre 1803.
  2. M. Pierre Lebrun, de l’Académie française.