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tème et sans aucune ressemblance avec les pièces faites sur quelques-uns de ces sujets, m’offrirent, selon moi, la preuve qu’on pouvait s’ouvrir des routes nouvelles dans ce genre élevé, appuyé sur l’autorité de Corneille, qui, malgré les arrêts d’une Académie pédante et en dépit des remarques, souvent absurdes, de Voltaire, a jeté, dans ses pièces, un Nicodème, un Prusias et même un Félix ; j’allai jusqu’à faire les vers de plusieurs scènes, pour me convaincre de la bonté du procédé. Mais bientôt j’abandonnai ces essais, comme tant d’autres, ce qui ne les empêcha pas d’avoir été, pour moi, une étude utile et amusante. Qui sait ? la chanson y a peut-être gagné quelque chose.

Dans la carrière que j’ai suivie, les conseils m’ont dû être nécessaires. J’en ai pris plus que je n’en ai demandé : je veux dire qu’au lieu d’aller consulter, comme tant d’auteurs, pour obtenir, non des avis, mais des louanges, je m’appliquais, quand on me priait de chanter, à recueillir les moindres paroles, les moindres signes de ceux qui m’écoutaient, afin de reconnaître les passages qui exigeaient changement, correction ou rature entière. Je me suis cependant choisi quelques censeurs, et toujours des amis moins âgés que moi, calculant qu’il y aurait

    cus de Saurin, tragédie froide et fort peu accommodée à la vérité de l’histoire.