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sinon même le contre-poison, lorsque le roman et le théâtre ont poussé jusqu’à l’obscénité la peinture des passions les plus brutales ? La haute poésie n’a-t-elle elle-même rien à se reprocher, en fait de fautes de ce genre ?

Que ceux qui insisteraient sur les reproches qui m’ont été faits par tant de gens cherchent dans les œuvres poétiques de Gœthe ; ils verront que ce grand génie n’était pas aussi sévère qu’eux à l’égard de mes chansons de jeunesse.

Il est une observation que je dois faire : les chansons mises à l’index ont été faites sous l’Empire. Or il est remarquable que c’est habituellement à des époques de despotisme qu’on voit naître de pareilles productions. L’esprit a un tel besoin de liberté, que, lorsqu’il en est privé, il franchit les barrières les moins bien défendues, au risque de pousser trop loin cet élan d’indépendance. Les gouvernements adroits s’en arrangent ; celui de Venise protégeait les courtisanes.

Ce ne sont pas des excuses que je présente, ce sont des explications que je donne. Il est bien entendu d’ailleurs que je ne parle ici que des chansons qui font partie des recueils que j’ai publiés, et non de toutes celles qu’on a mises sous mon nom dans les contrefaçons belges et françaises.

Il est une dernière raison qui devrait m’obtenir