Page:Béranger - Ma biographie.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la légitimité des enfants de Marie-Antoinette. Je me rappelle avoir vu, dans ma jeunesse, entre les mains des royalistes les plus chauds, une copie de la lettre testamentaire de cette malheureuse princesse, où elle disait à ses enfants : « Défiez-vous de vos oncles. » Cette phrase, on le conçoit, n’est pas dans la pièce publiée en 1816 ; mais qui sait si quelque altération n’a pas eu lieu sur l’original, remplacé par un fac-simile après l’enlèvement des papiers de Courtois[1], proscrit en 1815 ? L’homme qui livra le secret de la cachette où ils étaient renfermés fut, dit-on, généreusement récompensé.

On assure que, bien que Louis XVIII appelât en public la duchesse d’Angoulême son Antigone, il ne régnait nulle affection entre l’oncle et la nièce, et j’ai souvent pensé que c’est le sentiment de son impuissance qui empêcha la duchesse de se montrer

  1. Le conventionnel Courtois, après le 9 thermidor, avait été chargé par la Convention de recueillir et d’examiner les papiers de Robespierre. Il s’acquitta de cette tâche et rédigea un très-long et très-emphatique rapport qui a été imprimé à l’Imprimerie nationale (nivôse an III, in-8o de 408 pages) et qui contient des pièces fort curieuses. Il avait gardé par devers lui divers documents précieux qu’il conservait dans sa riche bibliothèque. Accusé plusieurs fois de concussion, Courtois, malgré les services rendus au 18 brumaire à Bonaparte, ne put rester longtemps sur la scène politique. En 1815, il fut condamné à l’exil comme régicide. C’est alors, à ce qu’il paraît, qu’il fit instruire le ministre de la police, M. Decazes, du dépôt qu’il avait entre les mains en offrant de le restituer, si on le rayait de la liste d’exil. Pour toute réponse, il fut expulsé de chez lui et ses papiers furent saisis.