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puyait de folles traditions de famille qui lui ont fait me donner, dans mon acte de naissance, la particule féodale dont il se para toujours et à laquelle ma mère, bien que fille de tailleur, ne tenait pas moins que lui. Je dois dire, pour sa justification, que c’était la manie des chefs de la famille[1]. Mon grand-père avait les mêmes prétentions, tout cabaretier qu’il fût obligé d’être par l’abandon où on l’avait laissé ; son père étant allé se remarier en Angleterre, sous le nom de Béranger de Formentel. Ces idées nobiliaires sont encore très-communes en France. J’ai connu un petit bourgeois picard qui établissait, avec une grande assurance, sa parenté avec la maison de Bourbon. Au moins cela valait la peine de se faire illusion.

Quant à moi, ce n’est qu’après avoir vu attribuer de mauvais vers de ma façon, imprimés dans un Almanach, à un M. Bérenger, auteur des Soirées provençales, que, d’après le conseil d’Arnault, je me décidai à user du de et à faire précéder mon nom des initiales de mes noms de baptême ; j’établissais ainsi une différence entre ma signature et celle de plusieurs Bérenger qui écrivaient à cette époque, et dont l’un fit, je crois, des vers sur la naissance du

  1. Voir, en tête du tome Ier de la Correspondance de Béranger, la curieuse généalogie rédigée par le père de Béranger, à Bruxelles, en 1780.