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t-il qu’on ne se ressouvienne, en le voyant, que Robespierre lui-même l’appelait homme de sang, ou qu’on ne répète ce mot de Napoléon : « Voilà celui qui met son pied sale dans le soulier de tout le monde ? » Mourir exilé et mourir infâme, monsieur le duc, c’est trop d’un grand supplice. Trahissez-nous ; vous les subirez tous deux. »

Fouché, pâle d’une colère contenue, voulut prendre l’air du dédain, balbutia quelques paroles insignifiantes, qu’il termina par cette espèce de sentence, dont ses louangeurs payés ont pris texte pour amoindrir ses crimes : « Je n’ai jamais trahi ni un ami ni un principe : » comme si un pareil homme avait des principes et des amis !

Convaincus de l’inutilité de leur démarche, les trois représentants se retirèrent indignés. Deux jours après, les étrangers étaient maîtres de Paris, Louis XVIII y faisait sa rentrée et Fouché était son ministre. La prédiction de Durbach ne s’en accomplit pas moins, et le souvenir en dut poursuivre Fouché jusqu’à sa tombe restée proscrite.

Cette seconde rentrée du roi diffère de la première, bien tristement pour lui et les siens. Enfermé dans sa voiture, il semblait vouloir protester contre le déploiement des forces étrangères dont, cette fois, il marchait entouré et gardé. En arrivant aux Tuileries pour y reprendre sa couronne, il put voir au