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s’écria : « Laissez parler ce jeune philosophe ? » ce Fouché qui, avec Collot-d’Herbois, se baigna dans le sang des Lyonnais mitraillés ? ce Fouché qui vota la mort de Louis Capet avec une puissance de logique qu’il prétendit ensuite n’avoir été que de la peur ? ce Fouché qui servit et trahit tour à tour les Girondins, Danton, la Montagne et Robespierre ? Vous avez raison, monsieur le duc, entre Fouché et les Bourbons il n’y a point de pacte possible. Après avoir trahi l’Empereur, qui accrut vos richesses, dont il vous laissa jouir, même dans la disgrâce vous ne pouvez trahir la France. Non, vous ne pouvez, complice du prêtre Talleyrand, livrer Paris à des princes qui verront toujours en vous l’un des bourreaux de leur frère. S’ils pouvaient l’oublier un instant, la fille de Louis XVI le leur rappellerait à genoux et les yeux en larmes. Plus leur retour au trône vous serait payé par eux en faveurs et dignités, plus ils auraient, bientôt après, à vous faire expier leur propre faiblesse. Craignez alors, en dépit de l’amitié de Wellington, d’être obligé de porter envie à Carnot, dont vous raillez les vertus. Qu’on proscrive celui-là ; il est sûr de rencontrer partout de la sympathie dans les cœurs magnanimes. Mais songez-y, monsieur le duc, Fouché proscrit, après avoir vendu l’Empereur, la nation et ses représentants ; Fouché hors de France, en quel lieu se montrera-