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qu’exerçait sur les esprits ce dernier miracle du grand homme[1].

Quoique, à cette époque, je commençasse à fréquenter quelques-uns des acteurs principaux de notre grand drame, je n’aurais que des lâchetés secondaires à signaler, sans l’heureuse mémoire de mon vénérable ami Dupont[2] (de l’Eure), dont la vertu a résisté aux exigences, aux séductions, et même à l’exercice du pouvoir. J’ai obtenu de lui le récit d’un entretien entre le représentant Durbach[3] et le grand traître de 1815, le trop fameux Fouché ; mais, en le rapportant ici, je crains de ne pas le colorer de la vive indignation que cet entretien fait encore éprouver à ce généreux patriote toutes les fois qu’il le raconte.

Après la bataille de Waterloo, Fouché, président du gouvernement provisoire, tenait les fils des in-

  1. Il y a dans les Souvenirs contemporains de M. Villemain un chapitre du plus beau coloris qui a pour titre la Veille du 20 mars. C’est là qu’il faut voir combien le retour du soldat de la Révolution jeta de terreur dans les âmes de ceux qui, en 1814, avaient cru qu’on peut acquérir la liberté politique au prix du déshonneur national.
  2. Dupont (de l’Eure) né en 1767, est mort en 1855, après avoir siégé pendant plus d’un demi-siècle dans presque toutes nos assemblées législatives.
  3. Durbach est né le 15 avril 1765, à Longueville-lez-Saint-Avold, en Lorraine. Il avait fait partie du Corps législatif sous l’Empire. C’est en 1814 et 1815 qu’il joua un rôle. Au retour de Louis XVIII, après Waterloo, il fut proscrit.