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Il a avoué l’influence qu’avait exercé sur lui cet homme, qui, disait-il, savait prodigieusement, devinait tout ce qu’il ne savait pas, avait autant d’esprit que de génie et plus d’idées vraiment libérales qu’aucun des membres de son conseil. Sans vouloir relever le libéralisme des conseillers, j’ai toujours pensé que cette dernière partie de l’éloge du maître était, pour Constant, un moyen de se justifier d’avoir servi celui que, le 20 mars, il appelait un tyran. « Mais Bernadotte ? lui répétais-je souvent. — Bernadotte est en négociation pour faire effacer quelques pages des Mémoires de Sainte-Hélène ; s’il conclut ce marché, je vous en dirai tout le bien possible. » Telle fut la réponse qu’il me fit, un jour, qu’à propos de l’impression de ces Mémoires nous parlions de plusieurs des grands personnages de l’Empire. Et depuis, en effet, on a regardé comme positif que des pages relatives au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, avaient été enlevées du précieux manuscrit[1].

Je n’ai connu, ni désiré connaître madame de

  1. Bernadotte (Jean-Baptiste-Jules), né à Pau, le 26 janvier 1764, est mort roi de Suède, sous le nom de Charles-Jean XIV, le 8 mars 1844, après avoir rendu de grands services, sur le trône, à sa seconde patrie. Si en 1813 et en 1814, il ne fit pas pour la France ce qu’il aurait dû faire, comme ancien citoyen du pays et général de nos armées républicaines, il refusa, en 1815, de reprendre les armes contre elle.