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obtenir la moindre parole de commisération ? On l’a imprimé, je voudrais le voir démentir[1]. Remarquons que ceux qui approchaient le plus la duchesse d’Angoulême n’ont que faiblement essayé de lui ramener ce peuple dont tous les cœurs lui avaient été ouverts et qui bientôt ne vit plus en elle que la fille de l’Autrichienne. Car, il ne faut pas se le dissimuler, la fin épouvantable de l’infortunée Marie-Antoinette n’a pas réhabilité sa mémoire aux yeux du peuple parisien, qui a conservé une haine instinctive contre le sang royal d’Autriche[2]. Malgré son amour pour Napoléon et le roi de Rome, jamais il

  1. La publication des Mémoires du maréchal Marmont, qui a vu toutes ces scènes, n’a fait que confirmer ce que Béranger dit avec tant de modération. M. Guizot, dans ses Mémoires, exprime, à peu de chose près, la même opinion.
  2. Sans doute, il est bien qu’on cherche à apaiser jusqu’aux souvenirs de ce temps-là ; mais que la Restauration, renversée par la bourgeoisie et par le peuple en 1830, se contente d’être excusée et pardonnée ; qu’elle ne demande pas qu’on la réhabilite jusqu’à lui sacrifier la mémoire de tous ceux qui ont revendiqué contre elle l’héritage de 1789. On parle de l’animosité qu’ils ont montrée dans la querelle ; on reproche à Béranger l’implacable résolution avec laquelle il est entré en lutte. Un homme d’État qui n’invente pas d’historiettes et qui eût aimé la Restauration libérale, a publié cette anecdote intéressante (M. Guizot, dans le 1er  volume de ses Mémoires) : « J’ai entendu à « cette époque, raconte-t-il, une femme du monde, ordinairement sensée et bonne, dire à propos de mademoiselle de Lavalette aidant sa mère à sauver son père : Petite scélérate ! » Voilà les temps dont on cherche à dénaturer la physionomie ! voilà une preuve de la sérénité de ces âmes qu’on accuse les libéraux d’avoir aigries et troublées ! (Paul Boiteau, Erreurs des critiques de Béranger.)