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à aller combattre, et sauvait Anvers de la destruction, pendant que, les bras croisés, nous laissions livrer notre capitale, sous les murs de laquelle Napoléon accourait écraser nos ennemis.

En parlant de mes premières années, j’ai dit que mon patriotisme avait encore, malgré mes soixante ans, toute la chaleur de la jeunesse. Peut-être trouvera-t-on que j’en donne trop bien la preuve dans l’expression des faits qui précèdent. J’ai entendu des chefs d’écoles philosophiques, de riches banquiers ou commerçants, des politiques de salon, prêcher le cosmopolitisme absolu. Loin de blâmer le sentiment dont ils se disaient animés, je le partage ; mais ils se trompaient d’époque.

Lorsqu’une nation a pris l’initiative d’un principe, et surtout du principe démocratique, et qu’elle est dans la situation géographique où nous sommes placés, dût-elle espérer d’obtenir la sympathie des hommes éclairés chez tous ses voisins, elle a pour ennemis patents ou secrets les autres gouvernements, et particulièrement ceux qui sont dominés par une aristocratie puissante. Pour de pareils ennemis tous les moyens sont bons.

Malheur alors à cette nation si elle voit s’éteindre l’amour qui lui est dû, et qui est sa plus grande force ! Il faut que ses fils se serrent autour de son drapeau, dans l’intérêt même du principe qu’elle a