Page:Béranger - Ma biographie.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lable, et que les meneurs du parti voulaient voir se briser sur le pavé de la place. Malgré la terreur de surprise qui paralysait encore la foule, le sentiment des outrages prodigués au soldat de la Révolution produisait d’abord de sourds murmures, puis éclatait par de longs rires, à chaque effort inutile tenté par les nouveaux iconoclastes. Ils furent obligés de se retirer sans avoir accompli leur tâche de destruction.

Je ne pense pas qu’on veuille conclure de ce que je viens de rapporter que pareille conduite a été tenue par tout ce qu’il y avait de légitimistes, de nobles et de riches à Paris. Les hôtels ont eu aussi leur patriotisme et les vertus n’ont sans doute manqué à aucun parti.

Chose remarquable ! cette reddition de Paris ne dérangea rien à la vie de ses habitants. Le matin de l’attaque, les spectacles furent affichés, comme d’habitude, et, si le soir les représentations n’eurent pas lieu, je suis tenté de croire que ce fut uniquement parce que, comédiens et bourgeois, chacun voulait voir et savoir ce qui allait se passer. L’entrée des étrangers fut un autre genre de distraction où coururent beaucoup de gens dont le patriotisme n’était pas plus douteux que le mien. Leur en faisait-on un reproche : « Qu’y pouvions-nous faire ? répondaient-ils ; pourquoi l’Empereur n’est-il pas arrivé à temps ?