Page:Béranger - Ma biographie.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

inspiré, me trouvant un jour à son théâtre, il me dit : « Non, ce n’est pas moi que tu as attaqué : je n’ai pas sauté dans les Cent-Jours. » On était parvenu à cette époque à lui faire faire bien pis : on le poussa à insulter aux malheurs de la France par une chanson intitulée le Règne d’un terme ou le Terme d’un règne.

J’étais, en effet, loin d’avoir pensé à lui en faisant Paillasse. Jamais je ne me suis attaqué qu’à ceux qui étaient haut placés et en position de se venger. J’aurais rougi de m’en prendre à des confrères qui se jetaient inconsidérément dans la voie des palinodies, surtout quand j’avais eu à me louer d’eux. Une chanson, dont chaque couplet était une épigramme amère et très-spirituellement tournée, courut contre Désaugiers, quand Louis XVIII lui fit don d’une soupière d’argent. Je sus qu’on me l’attribuait (on m’en a attribué de toutes les couleurs) ; je lui écrivis pour l’assurer que je la connaissais à peine[1].

  1. Voici cette chanson, qui passe pour être d’Armand Gouffé.

    As-tu vu mon écuelle d’argent,
        As-tu vu mon écuelle ?
    Dit Buteux en se rengorgeant ;
    Ah ! qu’elle est large ! ah ! qu’elle est belle !
    As-tu vu mon écuelle d’argent,
        As-tu vu mon écuelle ?

    D’où te vient cette écuelle d’argent,
        D’où te vient cette écuelle ?