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mission de le découvrir. On a répété plusieurs fois que cette chanson m’avait valu des persécutions ; il n’en est rien, et j’ai lieu de croire pourtant qu’elle avait été mise sous les yeux de l’Empereur[1].

Beaucoup de mes refrains égrillards couraient aussi le monde ; ils avaient d’autant plus de succès qu’ils se rapprochaient davantage des chansons de Collé, que M. Auger, censeur royal, fit réimprimer au commencement de la Restauration. Ces refrains n’étaient pas faits pour voir le jour ; mais les amis à qui seuls ils étaient destinés ne virent point d’inconvénients à en répandre des copies. Ces vers n’étaient heureusement pas plus la peinture de leurs mœurs que des miennes ; mais j’avoue que mes principes n’étaient pas tout à fait conformes à ceux qu’affiche la haute société, qui allait m’attirer dans plusieurs de ses salons. J’avais, pour braver l’hypocrisie de quelques-unes de ses lois, un âge mûr, des idées arrêtées et un caractère éprouvé par la mauvaise fortune : cela me mit à l’abri des périls qu’un jeune homme rencontre dans les rangs supérieurs, où trop

  1. Croirait-on qu’il y a peu de temps quelques-uns de ceux qui ont injurié jadis la mémoire de Napoléon ont eu l’idée de me reprocher d’avoir attaqué ce grand homme au moment de sa chute par cette chanson du Roi d’Yvetot ? Ils feignent d’oublier qu’elle courut plusieurs mois avant les victoires de Lutzen et de Bautzen, que ces messieurs auraient célébrées sans doute s’ils avaient alors pu tenir ma plume. (Note de Béranger.)