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C’était un tort, car, avec trois mille francs, j’aurais été plus utile aux miens ; mais je ne savais pas encore faire passer complétement mes devoirs avant mes goûts. Il en résulta que, voyant combien je tenais peu aux riches émoluments, M. de Fontanes, malgré les instances d’Arnault, laissa réduire ses promesses au don d’une place de mille francs : il n’y en avait pas au-dessous. Je m’en affligeai peu, bien qu’il m’ait fallu huit ou neuf ans pour arriver, d’augmentation en augmentation, aux deux mille francs promis d’abord. Il y avait longtemps que M. de Fontanes n’était plus grand-maître, quand on me fit si riche.

À peine assuré de cet emploi, une nouvelle charge me fut imposée par la Providence. Je l’acceptai, comme toutes celles qu’elle m’envoya. Je pouvais voir, dans celle-ci, des consolations pour ma vieillesse, mais il n’en fut pas ainsi, et je la supporte encore sans compensation, mais sans murmure[1]. Il

  1. En 1798, le père de Béranger avait été chargé par l’une de ses sœurs de Péronne d’entretenir et de surveiller, à Paris, sa fille Adélaïde Paron, qui désirait apprendre le commerce. Cette jeune personne, qui était douée d’un joli visage, était malheureusement d’un naturel qui rendait la surveillance difficile. Elle ne put se tenir aux places qu’on lui procura, et son oncle, par faiblesse, la garda auprès de lui. Béranger, qui était de trois ans plus jeune qu’elle, fut exposé plus que personne à ses séductions, et, n’ayant pas su y résister, il en eut un fils : Furcy Paron, qu’il appela plus tard Lucien. Cet enfant est né le 26 nivôse an IX.

    Élevé d’abord en nourrice par les soins de sa mère, qui s’était créé