Page:Béranger - Ma biographie.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.


En revanche aussi je puis
Vaincre avec vous les ennuis,

Din, din, din, din, din, din, din,
Et gaîment, au bruit des verres,
Din, din, din, din, din, din, din,
Sur eux sonner le tocsin.


Peut-être trouvera-t-on curieux de voir une autre face de cette vie de jeune homme. À côté de ces chansons, inspirées par le plaisir, et dont je n’ose, sage que je suis devenu, rapporter les plus gaies, quelques accès de tristesse m’inspiraient des vers, tels que ceux-ci :


L’AURORE[1]


Des jours de mon printemps douce et dernière aurore,
            Tu vas fuir sans retour :
Tu fuis ; mon printemps passe, et je demande encore
            Pourquoi j’ai vu le jour.

Sous tes pleurs fécondants, scintillante rosée,
            Que de fleurs vont s’ouvrir !
Mais trop vite en leur sein tu seras épuisée :
            Que de fleurs vont mourir !

Petits oiseaux, chantez, un mois vous a vus naître
            Et braver l’oiseleur ;
Vos chants, comme les miens, seront bientôt, peut-être,
            Un écho de douleur.

  1. Cette ode a été sauvée par hasard de l’incendie qui a dévoré tant de ses tristes sœurs. (Note de Béranger.)