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Je me trouvais à Péronne pour une Saint-Jean-Porte-Latine[1], fête des imprimeurs : j’allai, avec les ouvriers, porter le bouquet au vieux père Laisney, mon ancien maître, et, paré du bonnet et du tablier de papier, je lui chantai, ainsi qu’à sa femme :


Nos bourgeois, ma toilette est faite,
Avec bonnet et tablier
J’ai, pour chanter à cette fête,
Les droits d’un ancien ouvrier.

        L’amitié m’anime.
        Amis, c’est cela,
        Qu’il faut qu’on imprime,
        Qu’on imprime là.

(La main sur le cœur.)

Qu’à travailler chacun s’empresse :
Savant, prenez le composteur.
Nous autres, courons à la presse :
Tout ira bien sans correcteur.

        L’amitié m’anime, etc.

Saint Jean, à qui nous allons boire,
Devait me reprendre au cassier :
Que l’art qui fait vivre la gloire
N’est-il mon père nourricier !

        L’amitié m’anime, etc.

Ces chansonnettes me rendent d’heureux souvenirs et me parlent d’amis dont beaucoup, hélas !

  1. Le 6 mai.