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fierté pour avoir souvent refusé les offres de beaucoup de gens riches ; on se méprenait. Seulement,

    parents assez âgés et fut presque toute sa vie maladif et mélancolique. La Révolution avait fort appauvri, sans la ruiner, sa famille, et il fut élevé d’une manière si triste, qu’il prit dès sa plus tendre jeunesse des habitudes de réflexion et de solitude que n’altéra pas la gaieté du commerce de plusieurs de ses amis. Quoique un peu plus jeune que Béranger, il fut de bonne heure à Péronne son camarade dans les écoles fondées par M. de Bellenglise, et il aima et devina le génie du poëte dont il a été le généreux et simple Mécène. Son dévouement était si noble et son amitié si douce, que ses amis le nommaient l’Ange.

    Prédisant à Béranger sa renommée future et sachant bien quels fruits sa muse philosophique devait un jour retirer de la gaieté des réunions de jeunes gens, M. Quenescourt fonda, pour lui ouvrir une carrière, la petite académie joyeuse de Péronne, qui, sous le nom de Couvent des Sans-Soucis, vivra dans notre histoire littéraire. Une grande partie du premier recueil de Béranger y a été faite ou du moins y a été chantée.

    Tout fleuve est parti d’une source étroite. Ici, du moins, la sincère amitié, une gaieté franche et la muse des chansons anoblissent la rive.

    Las sur les flots d’aller, rasant le bord,
    Je saluai sa demeure ignorée.
    Entre, et chez moi, dit-il, comme en un port,
    Raccommodons ta voile déchirée.

    Proclamé roi de ses festins joyeux,
    À son foyer je fais sécher ma lyre.

    En 1813, Béranger décida son ami à quitter Péronne et à venir habiter Paris. De 1815 à 1819 il le visita presque chaque jour, lui payant de sa gloire naissante le prix de sa noble amitié. Madame Quenescourt pourvoyait à ses besoins et soignait son linge. En 1819, M. Quenescourt alla s’établir à Passy et c’est en l’allant voir que Béranger prit l’habitude de la route et du pays jusqu’à y placer lui aussi ses pénates.

    M. Quenescourt maria sa fille en 1829 et alla demeurer chez son