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On faisait peu de politique sous le gouvernement impérial ; cependant la politique me préoccupait toujours, et, quoique j’eusse prévu à peu près la marche que suivrait l’ambition de Bonaparte, le rétablissement d’un trône fut pour moi un grand sujet de tristesse. Bien moins homme de doctrines qu’homme d’instinct et de sentiment, je suis de nature républicaine. Je donnai des larmes à la République, non de ces larmes écrites, avec points d’exclamation, comme les poëtes en prodiguent tant, mais de celles qu’une âme qui respire l’indépendance ne verse que trop réellement sur les plaies faites à la patrie et à la liberté. Mon admiration pour le génie de Napoléon n’ôta rien à ma répugnance pour le despotisme de son gouvernement, d’autant plus qu’alors je me rendais moins bien compte que je ne l’ai fait depuis des nécessités que lui imposait la lutte à soutenir contre les entreprises sans cesse renaissantes de l’aristocratie européenne.

Un autre chagrin vint s’ajouter à celui-là. Seul de

    être nommé. Je n’ai jamais vu ni lu la pièce, et, malgré les instances des deux auteurs, je refusai ma part des recettes. Je sais qu’un bibliomane, M. de Soleinne, m’a attribué les couplets de plusieurs pièces d’Autier. Ceci est d’autant plus ridicule, que mon ami a un bien autre talent que moi pour cette sorte de travail. Je fis, je crois, une douzaine de couplets pour les Caméléons, et, à sa grande surprise, Moreau n’en trouva que trois ou quatre de passables. (Note de Béranger.)