Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !
Saint Ignace en prières
Vend ses brides à veaux
Aux dévots.
Ce siècle de lumières
Est pour les charlatans
Un bon temps.
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !
Jean se fait des oracles.
Bientôt dans plus d’un rang
Le dieu prend ;
S’il cache ses miracles,
C’est qu’il doit des égards
Aux mouchards.
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !
La foule accourt : Victoire !
Que d’or les sots mettront
Dans son tronc !
Mais quoi ! tout l’auditoire
Trouve ce dieu de chair
Un peu cher.
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !
Il parcourt la province,
Toujours déménageant
Sans argent.
À la foire, en bon prince,
Le dieu, dit-on, un soir
S’est fait voir.
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !
Il dit, presque en syncope :
« Pour un dieu quelle fin
« Que la faim ! »
Dieu, fais-toi philanthrope,
Avocat, perruquier
Ou banquier.
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
Quel pauvre dieu,
Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !