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Au galop, toujours, toujours,
Du fouet le Temps nous presse,
Sans respect pour la sagesse,
Sans pitié pour les amours.
À cheval sur nos chimères,
Courant jusqu’au débotté,
Faisons, pauvres éphémères,
D’un jour une éternité.

                Aimons vite,
                Pensons vite ;
                Tout invite
            À vivre vite.
                Aimons vite,
                Pensons vite.
                Au galop,
            Monde falot

Patriarches, à loisir
Vous aviez le temps de vivre,
Le temps de soigner un livre,
Un calcul, même un plaisir.
Vous offriez aux plus fières
Deux siècles de vœux constants,
Et donniez les étrivières
À des marmots de cent ans.

                Aimons vite,
                Pensons vite ;
                Tout invite
            À vivre vite.
                Aimons vite,
                Pensons vite.
                Au galop,
            Monde falot

Dieu nous a rogné le temps,
Lui qui taille en pleine étoffe.
Gare qu’une catastrophe
N’abrège encor nos instants !
En boutons cueillons les roses,
Verts encor les fruits nouveaux ;
Surtout ne faisons de pauses
Que pour changer de chevaux.

                Aimons vite,
                Pensons vite ;
                Tout invite
            À vivre vite.
                Aimons vite,
                Pensons vite.
                Au galop,
            Monde falot

Destin, de milliards en tas
Fais-moi faire la trouvaille.
Destin me répond : Travaille !
Soit ; je vais mettre habit bas.
Pourtant un point m’importune :
Promets-tu de me donner
Six mois pour faire fortune,
Un an pour me ruiner ?

                Aimons vite,
                Pensons vite ;
                Tout invite
            À vivre vite.
                Aimons vite,
                Pensons vite.
                Au galop,
            Monde falot

Votre amour me ferait dieu :
M’aimez-vous, Mademoiselle
Soupirez un mois, dit-elle.
Un mois ! c’est la mort. Adieu !