PARNY
Je disais aux fils d’Épicure :
« Réveillez par vos joyeux chants
« Parny, qui sait de la nature
« Célébrer les plus doux penchants. »
Mais les chants que la joie inspire
Font place aux regrets superflus.
Parny n’est plus !
Il vient d’expirer sur sa lyre :
Parny n’est plus !
Je disais aux Grâces émues :
« Il vous doit sa célébrité.
« Montrez-vous à lui demi-nues ;
« Qu’il peigne encor la volupté. »
Mais chacune d’elles soupire
Auprès des Plaisirs éperdus.
Parny n’est plus !
Il vient d’expirer sur sa lyre :
Parny n’est plus !
Je disais aux dieux du bel âge :
« Amours, rendez à ses vieux ans
« Les fleurs qu’aux pieds d’une volage
« Il prodigua dans son printemps. »
Mais en pleurant je les vois lire
Des vers qu’ils ont cent fois relus.
Parny n’est plus !
Il vient d’expirer sur sa lyre :
Parny n’est plus !
Je disais aux muses plaintives :
« Oubliez vos malheurs récents[1] ;
« Pour charmer l’écho de nos rives,
« Il vous suffit de ses accents. »
Mais du poétique délire
Elles brisent les attributs.
Parny n’est plus !
Il vient d’expirer sur sa lyre :
Parny n’est plus !
Il n’est plus ! ah ! puisse l’Envie
S’interdire un dernier effort[2] !
Immortel il quitte la vie ;
Pour lui tous les dieux sont d’accord.
Que la Haine, prête à maudire,
Pardonne aux aimables vertus.
Parny n’est plus !
Il vient d’expirer sur sa lyre :
Parny n’est plus !