PONIATOWSKI f*
Quoi ! vous fuyez, vous, les vainqueurs du monde !
Devant Leipsig le sort s’est-il mépris ?
Quoi ! vous fuyez ! et ce fleuve qui gronde,
D’un pont qui saute emporte les débris !
Soldats, chevaux, pêle-mêle, et les armes,
Tout tombe là ; l’Elster roule entravé.
Il roule sourd aux vœux, aux cris, aux larmes :
« Rien qu’une main, (bis) Français, je suis sauvé ! »
« Rien qu’une main ? malheur à qui l’implore !
« Passons, passons. S’arrêter ! et pour qui ? »
Pour un héros que le fleuve dévore :
Blessé trois fois, c’est Poniatowski.
Qu’importe ! on fuit. La frayeur rend barbare.
À pas un cœur son cri n’est arrivé.
De son coursier le torrent le sépare :
« Rien qu’une main, Français, je suis sauvé ! »
Il va périr ; non ; il lutte, il surnage ;
Il se rattache aux longs crins du coursier.
« Mourir noyé ! dit-il, lorsqu’au rivage
« J’entends le feu, je vois luire l’acier !