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À M. LUCIEN BONAPARTE,


PRINCE DE CANINO.




En 1803, privé de ressources, las d’espérances déçues, versifiant sans but et sans encouragement, sans instruction et sans conseils, j’eus l’idée (et combien d’idées semblables étaient restées sans résultat !), j’eus l’idée de mettre sous enveloppe mes informes poésies et de les adresser, par la poste, au frère du Premier Consul, M. Lucien Bonaparte, déjà célèbre par un grand talent oratoire et par l’amour des arts et des lettres. Mon épître d’envoi, je me le rappelle encore, digne d’une jeune tête toute républicaine, portait l’empreinte de l’orgueil blessé par le besoin de recourir à un protecteur. Pauvre inconnu, désappointé tant de fois, je n’osais compter sur le succès d’une démarche que personne