LA NOSTALGIE
Vous m’avez dit : « À Paris, jeune pâtre,
« Viens, suis-nous, cède à tes nobles penchants.
« Notre or, nos soins, l’étude, le théâtre,
« T’auront bientôt fait oublier les champs. »
Je suis venu ; mais voyez mon visage.
Sous tant de feux mon printemps s’est fané.
Ah ! rendez-moi, rendez-moi mon village,
Et la montagne où je suis né !
La fièvre court triste et froide en mes veines ;
À vos désirs cependant j’obéis.
Ces bals charmants où les femmes sont reines,
J’y meurs, hélas ! j’ai le mal du pays.
En vain l’étude a poli mon langage ;
Vos arts en vain ont ébloui mes yeux.
Ah ! rendez-moi, rendez-moi mon village,
Et ses dimanches si joyeux !
Avec raison vous méprisez nos veilles,
Nos vieux récits et nos chants si grossiers.
De la féerie égalant les merveilles,
Votre Opéra confondrait nos sorciers.