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présidé au choix des morceaux publiés, et sa déclaration n’est point une déclaration de complaisance, car les épreuves, et la note de classification écrite de sa main, viennent la confirmer.

« M. Baudouin (et c’est de cette clause qu’on a voulu abuser contre lui) prenait à ses risques la publication, mais seulement celle des anciennes chansons ; à cet égard, il ne risquait rien, puisqu’elles avaient subi l’épreuve d’un jugement, et qu’elles étaient à couvert par l’autorité de la chose jugée. Quant aux chansons nouvelles, le traité les exceptait formellement de la garantie : la raison en est simple : Baudouin ne les connaissait pas encore.

« Le manuscrit remis, Baudouin ne s’en est point constitué le censeur : ce n’était pas là son affaire ; mais il n’a pas négligé les précautions que pouvait lui conseiller la prudence, il a réclamé un examen ; ce qui s’est passé, il l’ignore ; mais il a cru, il a dû croire que toutes les précautions convenables avaient été prises.

« La publication, après avoir traîné en longueur par diverses causes, a lieu enfin dans les derniers jours d’octobre. Dix jours s’écoulent avant qu’aucune poursuite soit intentée, tant le délit était évident ! Mais voilà que la Gazette de France se met à crier contre nous ; pour moi, je l’avoue, je l’aurais laissée crier :


            Je ne l’eusse pas ramassée ;
Mais un bramin le fit : chacun a sa pensée.


« Que faisait cependant Baudouin ? Avant même que la poursuite prît naissance, il faisait saisir une contrefaçon qui circulait avec des gravures obscènes et des chansons répréhensibles, faussement attri-