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son apologue de Charles III, il exprime son inquiétude :


« Soldats, votre maître a des maîtres. »


« Ces inquiétudes sont-elles fondées ? Consultez notre histoire. »


Ici, Me Barthe rappelle, avec tous les documents historiques, les efforts constants, et sans cesse renouvelés, des souverains pontifes et du clergé pour faire relever la couronne des rois de France de la tiare pontificale.


« Lorsque le sacre de Charles X est arrivé, continue Me Barthe, croyez-vous que ce pouvoir ait abjuré ses vieilles ambitions ? Rappelez-vous les doctrines de M. de La Mennais, condamnées par votre tribunal. Vous les trouverez entièrement conformes, dans leur esprit, aux instructions de Grégoire VII.

« Je le demande, messieurs, le poëte, nourri par de profondes études, n’a-t-il pas pu manifester ses inquiétudes, au moment où le sacre de Charles X était peut-être présenté par le pouvoir religieux comme un hommage qui lui était rendu, comme un aveu de sa supériorité ? Voilà la moralité de cette pièce.

« Messieurs, dit l’orateur en terminant, vous n’oublierez pas qu’en jugeant le poëme, vous jugez aussi l’homme ; que vous jugez Béranger ; et c’est surtout sous ce rapport que ma cause est belle. Je le demande, quel est le Français qui voudrait briser le moule de l’auteur du Dieu des bonnes gens, qui voudrait anéantir ses écrits ou les condamner à l’oubli ? J’aurais tort, il est vrai, d’exprimer devant vous ce que j’éprouve moi-même d’estime et d’affection