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                Tous nos plaisirs n’ont qu’un moment,
Hélas ! quel est le cours et le but de la vie ?
                Des fadaises et le néant.
        Ô Jupiter ! tu fis en nous créant
                Une froide plaisanterie.


« Et dans la pièce qui précède, adressée à une dame de Genève, il termine par ces mots :


Chacun est parti du néant.
Où va-t-il ? Dieu le sait, ma chère.


« Et certes, messieurs, jamais il ne sera justement appelé athée on matérialiste celui qui a fait les plus beaux vers sur l’existence de Dieu et l’immortalité de lame.


« Dans la chanson de l’Ange Gardien, le poëte a peint un pauvre perclus attendant son dernier moment dans un hospice. Là, il est visité par son ange gardien, et il lui demande des comptes sur la protection qu’il lui devait. Voilà la pensée de l’auteur.

« Le ministère public et la prévention, choisissant parmi tous les couplets qui composent ce poëme, ceux qui, détachés, se prêtaient plus facilement à l’accusation, n’ont pas parlé des autres. Permettez-moi, messieurs, de remettre sous vos yeux toute la pensée de l’auteur. Voici ce poëme en son entier. » (Me Barthe lit la chanson de l’Ange Gardien, à l’exception du dernier couplet.)

« Voilà donc cette irréligion, ces couplets si coupables, si odieux, qui avec les fatales ordonnances ont commencé la persécution de tant de gens, lesquels subissent le martyre avec l’humble privilège de résister aux lois du royaume, et de vivre au