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outrages dont elle aurait été l’objet. Je croirais déshonorer mon ministère si je réclamais pour aucun genre de littérature le privilège de la méconnaître ou de l’insulter, Béranger le répudierait avec moi.

« La morale religieuse, que votre justice a aussi le mandat de protéger, manquerait-elle des éléments certains, nécessaires pour la signaler à votre raison ? Messieurs, le respect des deux vérités essentielles, bases de toutes les religions, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme, voilà ce qui la caractérise ; mais, à côté de ces principes, placé eu dehors de toute discussion, le monde entier est en possession de discuter librement les croyances moins essentielles qui environnent les bases sacrées que je viens de vous signaler. Vous me rendez assez de justice pour ne pas craindre que mes paroles puissent sur ce point blesser à cette audience ou votre conviction ou vos sentiments.

« Nos lois ont prononcé l’inviolabilité de la personne du prince ; mais, si la personne est à l’abri d’odieux attentats, son honneur doit être protégé contre les outrages. C’est le droit de chaque citoyen, c’est le droit de celui que la Charte a proclamé le premier représentant de la force publique. Principe évident que je m’empresse de faire entendre librement, et sans autre désir que de prévenir vos esprits contre la confusion que de vaines clameurs auraient pu y faire pénétrer.

« Cependant Béranger, que je vais défendre, est accusé d’avoir foulé aux pieds ces principes et ces lois. L’accusation semble invoquer sa propre évidence, ou plutôt, pour échapper à d’invincibles difficultés, elle délaisse l’argumentation, et demande que la discussion soit transportée à huis clos dans la chambre du conseil. Ce n’est pas tout : traitant notre