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nains, dont un auteur anglais (Swift) nous trace la burlesque et satirique peinture.

« La France est heureuse, elle est grande, elle est forte, et vous lui prophétisez une dégénération rapide suivie d’une ruine honteuse !

« Quel homme serait assez dénué de jugement pour ne pas comprendre tout d’abord quel est le sens de la chanson des Infiniment Petits, dont le refrain d’ailleurs tranche toute incertitude, malgré la misérable équivoque employée par l’auteur, qui semble en avoir fait choix pour qu’on ne pût se méprendre sur sa coupable pensée ?

« Nous ne nous arrêterons pas à la figure, cependant assez significative aussi, qui orne en manière de fleuron le bas de la page où finit cette chanson ; nous ne chercherons pas si ce n’est point là un emblème d’un ordre de choses qu’on voudrait voir renaître à la place de celui qu’on s’efforce d’avilir ; il est dans ce recueil bien d’autres vers qui témoignent assez hautement des intentions et des vœux de l’auteur, pour que nos présomptions ne paraissent ni téméraires, ni hasardées.

« Que dans la génération à laquelle nous appartenons, la plupart aient pu, dupes des illusions de l’âge, se livrer aux séductions d’une grandeur peu solide et d’une gloire trop chèrement acquise, on le conçoit ; mais l’expérience et la réflexion, fruits des années, n’ont-elles pas dessillé tous les yeux ? Et qui d’entre nous peut aujourd’hui avec bonne foi regretter et souhaiter un temps aussi fécond en malheurs qu’il le fut en hauts faits ? Comment surtout l’auteur du Roi d’Yvetot, de cette satire aimable et piquante de l’arbitraire et de l’esprit de guerre et de conquêtes, peut-il sans cesse rappeler et préconiser