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L’audience a été ouverte au public non muni de billets, dont l’impatience, pendant deux heures d’attente, se manifestait par des coups violents donnés sur les panneaux de la porte. L’irruption violente de la foule dans la partie de la salle restée libre, n’a pas été sans danger pour plusieurs des curieux. On a entendu avec effroi des cris plaintifs et alarmants ; une trentaine d’avocats ont reflué jusque dans l’intérieur du parquet ; plusieurs dames se sont levées de leurs sièges avec épouvante. Bientôt, toutefois, ce sentiment s’est calmé et a fait place à celui de l’hilarité, en voyant que la plupart des personnes qui avaient poussé des cris en avaient été quittes pour la peur, pour quelques parties de leurs vêtements, de leurs robes ou de leurs rabats.

À onze heures moins un quart, le tribunal prend séance.


« Je rappelle au public, dit M. le président, que la loi défend tous signes d’approbation ou d’improbation. L’auditoire doit garder le plus profond silence. Les huissiers ont ordre de saisir à l’instant et de détenir dans la maison de justice pendant vingt-quatre heures toute personne qui se permettrait des rires, des murmures ou des applaudissements. — M. de Béranger, dites vos noms. — Pierre-Jean de Béranger. — Votre âge ? — Quarante-six ans. — Votre état ? — Chansonnier. »

Les mêmes questions sont adressées à M. Alexandre Baudouin, libraire-éditeur des chansons de Béranger, etc.

Tous les prévenus sont assis sur des chaises placées en face du tribunal.

Le greffier donne lecture de l’arrêt de la cour royale qui a saisi le tribunal.