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son procès, dit en commençant : « Le greffier lit l’arrêt de renvoi ; » c’est un fait incontestable, cet arrêt a été lu en audience publique ; il a pu être entendu par tout le monde ; mais, pour ne point couper le récit, il le renvoie à la fin, et le place au nombre des pièces justificatives. Il ne met dans son récit aucune animosité, aucune passion. Il veut publier son procès ; il dit : « Je serais coupable si je ne faisais entendre qu’une seule voix ; je donnerai ma défense, mais je donnerai aussi l’accusation, et même je mettrai l’arrêt de renvoi, afin que chacun apprenne le sujet de l’accusation, que chacun puisse le juger avec connaissance de cause. » Il y met tant de bonne foi, tant de scrupule et de fidélité, qu’il s’empresse de rendre hommage à la justice et à l’impartialité de monsieur le président. Ce n’est donc pas, comme on l’a dit, un esprit de vengeance et d’animosité qui l’inspirait. La seule chose qu’on ait attaquée dans son récit semblait la seule qui fût inattaquable ; on n’accuse ni le compte rendu, ni la plaidoirie de son avocat ; mais on accuse l’arrêt même de la cour ! c’est la Justice qui se saisit de sa propre main en appelant au secours ! de telle sorte que, par un nouvel arrêt de condamnation, la Justice se frapperait elle-même… en la personne de Béranger toutefois. (On rit.)

« La question à examiner est celle de savoir si l’impression d’un arrêt est un crime ou un délit ; en d’autres termes, s’il y a des arrêts bons et des arrêts dangereux ?

« De Béranger s’est conformé à l’usage existant, depuis longtemps confirmé par l’opinion de savants jurisconsultes, et par l’autorité des ministres eux-mêmes. M. de Béranger est donc de bonne foi. La publicité des actes de l’autorité, des lois et ordon-