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Gaulois, et non pas armer la république contre la monarchie.

« J’en trouve la preuve dans ce qu’il dit avec tant de verve dans une autre chanson, ayant précisément pour titre : les Francs et les Gaulois :


    Gai, gai, serrons nos rangs,
                Espérance
                De la France ;
    Gai, gai, serrons nos rangs,
En avant, Gaulois et Francs.


Serrons nos rangs ne signifie pas faisons la guerre civile. — Mais il dit, en parlant de ce drapeau, déployons-le ; donc il excite à le déployer actuellement… — Remarquez donc aussi qu’il dit : déployons-le sur la frontière : ce n’est donc pas le drapeau de la guerre civile, mais celui de la guerre étrangère.

« Monsieur l’avocat-général a prétendu qu’il s’agissait des frontières d’Italie et d’Espagne, et que ce funeste drapeau était destiné à rapporter dans ses plis la guerre, la peste et l’anarchie. Ce serait bien le cas, j’espère, de faire intervenir ici les couplets qui ont pour titre Halte-là ! ou le Danger des interprétations. Cette phrase est de pure imagination ; c’est une déclamation qui n’exige aucune réponse.

« Mettez de côté les commentaires, messieurs les jurés, lisez le Vieux Drapeau, et vous reconnaîtrez sans peine que ce n’est point une provocation au crime. Sans doute, le poëte y exprime des regrets… des désirs… mais il ne fait point un appel à la sédition, et il faut que les ministres soient bien vindicatifs et bien irrités qu’on ait mis leurs initiales dans quelques couplets ; il faut que leur haine contre Déranger soit bien violente, pour qu’ils aient ainsi