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l’exhortait à punir des comédiens insolents : Non, dit-il, laissons-les se divertir, pourvu qu’ils respectent l’honneur des dames[1]. »

« Quand il s’agit de venger un roi, il faudrait avant tout examiner ce qui est convenable ; quid deceat, quid non. Si l’on avait poursuivi les comédiens de Louis XII, il y aurait eu aussi un grand procès ; et, à la place de ce que je viens de vous lire, nous trouverions dans nos archives un arrêt qui aurait condamné les plaisants à la prison, ou même à la roue (car alors les peines étaient arbitraires). Ce serait un acte de sévérité, mérité peut-être ; mais ce ne serait pas un acte de cette ineffable bonté qui a mérité à Louis XII le nom de père du peuple.


« Pour nous, examinons, puisque nous y sommes réduits, ces fameux couplets où l’on prétend trouver une offense à la personne du roi.


« Dans la chanson du Bon Dieu, se trouve le couplet suivant :


        Que font ces nains si bien parés,
        Sur des trônes à clous dorés ?
        Le front huilé, l’humeur altière,
        Ces chefs de votre fourmilière
        Disent que j’ai béni leurs droits,
        Et que par ma grâce ils sont rois.
Si c’est par moi qu’ils règnent de la sorte,
Je veux, mes enfants, etc.


« L’auteur parle ici des rois en général ; ainsi rien de personnel.


« Ces nains ; par rapport à Dieu, rien n’est grand.

« Trônes à clous dorés. Un homme qui ne mépri-

  1. Continuation de Velly, édition de 1771. In-4o, tome XI, page 534.