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avoir pour effet de diminuer la ferveur des soldats français, et les détourner d’aller à la messe…

« La ferveur des soldats français est connue…. ; et certes l’auteur est bien loin d’avoir voulu les détourner d’aller à l’office ; il dit au contraire dans l’une de ses chansons :


À son gré, que chacun professe
Le culte de sa déité ;
Qu’on puisse aller même à la messe,
Ainsi le veut la liberté.


« Ce n’est pas Béranger qu’on accusera d’intolérance[1], il ne s’est point fait convertisseur ; et, s’il fallait le juger en cette qualité, il ne serait pas plus coupable aux yeux de la loi, que ne le paraissent les prêtres catholiques qui, par leurs efforts, parviennent quelquefois à convertir un juif ou à ramener un protestant.

« Au surplus, ce qu’il y a de très-piquant, c’est que cette chanson des Capucins a été chantée, pour la première fois, en présence de monsieur le ministre actuel de la police, qui en a ri de meilleur cœur que ne rient ordinairement les ministres, et qui n’y a rien vu que de très-innocent.

« J’arrive à une dernière chanson, à laquelle monsieur l’avocat-général a attaché plus de gravité qu’à toutes les autres : c’est celle qui a pour titre : Le Bon Dieu, et dont le refrain dit :


Si c’est par moi qu’il régnent de la sorte,
Je veux que le diable m’emporte.


« Ici, messieurs les jurés, on a cru devoir faire intervenir un pompeux éloge de la religion, et vanter

  1. L’intolérance est fille des faux dieux. (Béranger.)