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« Béranger n’a-t-il pas bien saisi leur caractère ? ne les a-t-il pas fait parler suivant leur génie, lorsqu’il leur fait dire :


Par Ravaillac et Jean Châtel
        Plaçons dans chaque prône,
Non point le trône sur l’autel,
        Mais l’autel sur le trône.


« Oui, voilà leur antique esprit, l’autel sur le trône ! Et par l’autel ils entendent eux-mêmes ; ils s’identifient avec Dieu, comme les courtisans se retranchent derrière le despotisme, pour être des tyrans subalternes : Et omnia serviliter pro dominatione. Ces faux prêtres n’argumentent de Dieu que pour lancer la foudre en son nom, de même que les ministres excipent sans cesse de la personne sacrée du roi pour participer de l’inviolabilité qui n’appartient qu’à lui seul.

« Béranger est donc justifié d’avoir parlé contre les entreprises des missionnaires. Il l’est, en droit, par le texte de la loi, qui, en défendant d’outrager la morale religieuse, n’a pas défendu d’attaquer l’intolérance. Il va l’être encore en fait par l’opinion qu’a émise sur la conduite des missionnaires un homme dont on doit également respecter le talent et le caractère, un homme qu’on ne rangera point parmi les novateurs, et dont les doctrines politiques sont loin d’être révolutionnaires, car c’est peut-être la tête la plus noblement féodale qui soit dans le monde entier. M. de Montlozier, dans son livre de la Monarchie française en 1821, s’exprime en ces termes (pag. 136 et suivantes) :

« Je pourrais citer en confirmation les mouvements fâcheux qu’ont causés les missions dans