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depuis longtemps, et certes les gens du roi ne le poursuivraient pas !

« Qui donc a inspiré ces chansons à leurs illustres auteurs, si ce n’est la gaîté, la grande liberté attachée à ce genre léger de composition ?

« La chanson de Henri IV peut être encore alléguée pour exemple. Vive Henri IV, vive ce roi vaillant, est sans doute et sera toujours un cri national ; mais ce qui suit : Ce diable à quatre a le triple talent de boire, de battre, et d’être un vert galant, qu’est-ce autre chose, je vous le demande, si ce n’est le triple éloge de l’ivrognerie, de la violence et du libertinage, autrement dit de l’adultère, puisque le bon roi était marié ?

« Voilà cependant ce qu’on chante avec passion, avec plaisir : on n’y trouve aucun mal, parce que l’on n’y voit que de la saillie et de la gaîté.

« En un mot, ce qui fait passer ces chansons, c’est que ce sont des chansons. Telle pensée, telle phrase, tel mot, seraient répréhensibles ailleurs, qui doivent trouver grâce dans un couplet, dans un refrain, ou même dans une églogue : témoin celle que l’on fait traduire aux écoliers de troisième dans tous les collèges, et même dans ceux des jésuites :


Formosum pastor Corydon ardebat Alexin
Delicias domini !


« Je ne m’étendrai pas davantage sur ce point, messieurs ; je n’examinerai pas si M. Béranger n’eût pas mieux fait pour sa propre gloire, et pour rendre encore plus générale la vogue de son recueil, d’en retrancher quelques pièces un peu libres. Il suffit, pour la cause, qu’elles n’aient rien d’obscène ; et