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la Gazette de France[1] s’est rendue l’organe, ont fait les réflexions suivantes :

« Les véritables conspirateurs ne rient jamais ; aimable et douce opposition qui s’évapore en flons flons, en brochures, en plaisanteries plus ou moins ingénieuses, les gouvernements n’en ont rien à redouter, c’est avec d’autres armes qu’on les ébranle. »

« Les autres, et il faut le dire, presque tous, se sont écriés : Quelle maladresse ! que c’est mal connaître le cœur humain ! On veut arrêter le cours d’un recueil de chansons, et l’on excite au plus haut point la curiosité publique ! On voudrait effacer des traits qu’on regarde comme injurieux, et de passagers qu’ils étaient par leur nature, on les rend éternels, comme l’histoire à laquelle on les associe ! Au lieu de les détourner de soi, on vient avouer qu’ils ont frappé droit au but, on se dit percé de part en part ! Rappelez-vous donc ce qu’on lit dans Tacite : « Les injures qu’on méprise s’effacent ; celles qu’on relève, on est censé les avouer : » Spreta exolescunt ; si irascaris, agnita videntur.

« Si l’on pouvait en douter, il serait facile d’interroger l’expérience : elle attesterait que toutes les poursuites de ce genre ont produit un résultat contraire à celui qu’on s’en était promis.

« M. de Lauraguais écrivait au parlement de Paris : Honneur aux livres brûlés !

« Il aurait dû ajouter : Profit aux auteurs et aux libraires ! Un seul trait suffira pour le prouver. En 1775, on avait publié contre le chancelier Maupeou des

  1. Numéro du 12 novembre 1821. Il faut lui en savoir gré.