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En paix voguant de royaume en royaume,
À Sainte-Hélène en sa course il atteint.
Napoléon, gigantesque fantôme,
Paraît debout sur ce volcan éteint.

À son tombeau la main de Dieu l’enlève.
« Je t’attendais, mon drapeau glorieux.
« Salut ! » Il dit, brise et jette son glaive
Dans l’Océan, et se perd dans les cieux.

Dernier conseil de son génie austère !
Du glaive en lui finit la royauté.
Le conquérant des sceptres de la terre
Pour successeur choisit la Liberté.

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures ;
Enfants, des fleurs, des palmes, des flambeaux !
De nos Trois-Jours ornez les sépultures.
Comme les rois le peuple a ses tombeaux.

Des corrupteurs la faction titrée
Déserte en vain cet humble monument ;
En vain compare à l’émeute enivrée,
De nos vengeurs le noble dévouement.

Enfants, en rêve, on dit qu’avec les anges
Vous échangez, la nuit, les plus doux mots.
De l’avenir prédisez les louanges,
Pour consoler ces âmes de héros.

Dites-leur : Dieu veille sur votre ouvrage.
Par nos erreurs ne vous laissez troubler.