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L’égalité ? c’est peut-être une route
Qu’aux malheureux ferme la royauté.

Marchons ! marchons ! À nous l’Hôtel-de-Ville !
À nous les quais ! à nous le Louvre ! à nous !
Entrés vainqueurs dans le royal asile,
Sur le vieux trône ils se sont assis tous.

Qu’un peuple est grand qui, pauvre, gai, modeste,
Seul maître, après tant de sang et d’efforts,
Chasse en riant des princes qu’il déteste,
Et de l’état garde à jeun les trésors !

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures ;
Enfant, des fleurs, des palmes, des flambeaux !
De nos Trois-Jours ornez les sépultures.
Comme les rois le peuple a ses tombeaux.

Des artisans, des soldats de la Loire,
Des écoliers s’essayant au canon,
Sont tombés là, vous léguant leur victoire ;
Sans penser même à nous dire leur nom.

À ces héros la France doit un temple.
Leur gloire au loin inspire un saint effroi.
Les rois que trouble un aussi grand exemple,
Tout bas ont dit : Qu’est-ce aujourd’hui qu’un roi ?

Voit-on venir le drapeau tricolore ?
Répètent-ils, de souvenirs remplis.
Et sur leur front ce drapeau semble encore
Jeter d’en haut les ombres de ses plis.