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Ligués bientôt, les fils, tribu croissante,
Ont, dans un camp, bravé tigres et loups.
C’est au berceau la cité vagissante :
Dieu dit : Mortels, j’aurai pitié de vous.

Au second âge on chante la patrie,
Arbre fécond, mais qui croît dans le sang.
Tout peuple armé semble avoir sa furie
Qui foule aux pieds le vaincu gémissant.
À l’esclavage, eh quoi ! l’on s’accoutume !
Il corrompt tout ; les tyrans se font dieux.
Mais dans le ciel une lampe s’allume ;
Dieu dit alors : Humains, levez les yeux.

L’âge suivant, sur tant de mœurs contraires,
Religieux, élève un seul autel.
Sois libre, esclave. Hommes, vous êtes frères.
Comme ses rois le pauvre est immortel.
Sciences, lois, arts, commerce, industrie,
Tout naît pour tous ; les flots sont maîtrisés ;
La presse abat les murs de la patrie,
Et Dieu nous dit : Peuples, fraternisez.

Humanité, règne ! voici ton âge
Que nie en vain la voix des vieux échos.
Déjà les vents au bord le plus sauvage
De ta pensée ont semé quelques mots.
Paix au travail ! paix au sol qu’il féconde !
Que par l’amour les hommes soient unis ;
Plus près des deux qu’ils replacent le monde
Que Dieu nous dise : Enfants, je vous bénis.